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Guy Yanai at Galerie Derouillon

Par Lisa Vignoli

LES BON TITRES ONT PLUSIEURS VIES. L'amour des commencements, texte du psychanalyste français Jean-Bertrand Pontalis (1924-2013) datant de 1986, par exemple, renaît ces jours-ci—en anglais—dans une galerie parisienne avec l'exposition « Love of beginnings ». L'artiste israélien Guy Yanai a découvert cet ouvrage il y a une dizaine d'années. Depuuis, il a lu tout Pontalis, ou presque. Le plasticien affiche d'ailleurs, au fil de ses œuvres, une passion française, qui transparaît dans l'exposition. « Ça flirte avec l'obsession, sourit-il, mais pas seulement. Il y a sans doute quleuqe chose de l'ordre de la frustration, de la jalousie. Je ne serai jamais un Européen. Pourtant, tout ce qui m'intéresse du point de vue esthétique, intellectuel ou artistique vient de là. » 

Admirateur de Houellebecq, passionné de la Provence de Cézanne, Guy Yanai est aussi un connaisseur de la Nouvelle Vague. De New York à Paris, il a fait voyager ses toiles immortalisant des scènes du Genou de Claire de Rohmer ou du Mépris de Godard. Pour « Love of Beginnings »—outre sa cuisine à Tel-Aviv, symbole concret de sa vie quotidienne—, Guy Yanai a choisi de s'approprier La Leçon de piano d'Henri Matisse. Il s'est aussi inspiré de l'architecture douteuse d'un club de vacances des Alpes, à Serre-Chevalier, symbole à ses yeux d'un rituel de la famille française: les vancaces (ratées) à la montagne. Comme dans toute l'œuvre de cet artiste montant, la peinture est appliquée par bande horizontale sur les toiles de cet ensemble a priori disparate. « Ce qui est important, dit-il, c'est ce qui se passe entre les toiles comme entre les moments de la vie. Pontalis appelle ça les "trous noirs". »

Love of Beginnings », de Guy Yanai, à la galerie Derouillon, 28, rue Notre-Dame-de-Nazareth, Paris 3ème. Du 16 mars au 29 avril 2017.

http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/libre/20170311/index.html?cahier=MAG

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